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Maison de l'Écriture

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When people ask me what I think is my best work, it's the bus. There're lots of books, but there's only one bus. (Ken Kesey)

Montaigne dans sa tour et Montaigne en mouvement. Après une longue période d’enfermement, l’auteur des essais s’est mis à voyager sans relâche et le voyage sans but est soudain devenu pour lui une autre façon de se connaître soi-même, dans un frottement permanent avec le monde.

Le véhicule, la route, le livre comme voyage. Le bus des Merry Pranksters lancé à travers les Etats-Unis, c’est l’écrivain Ken Kesey rejouant On the road avec sa troupe dont le chauffeur, Neil Cassady lui-même, est issu du roman de Jack Kerouac. La route est orchestrée comme performance et réécriture. La résidence de l’écrivain est partout, paradoxalement un écrivain « en résidence » devient de facto un écrivain-voyageur.

Une cabine suspendue, à la manière d’un studiolo de la Renaissance, isole l’auteur de la continuité du quotidien et du temps mondain, c’est le temps solitaire des nuits à rideaux tirés d’Honoré de Balzac. La suspension évoque une structure précaire, une recherche comme un essai littéraire, et le véhicule suggère ici une station passagère, car tout se passe comme si cette image gelée allait soudain se dérouler et reprendre son mouvement.

Le bus (Saurer Alpenwagen - 1951) est un objet trouvé qui prend le statut d’icône par la suspension, il acquière par cette opération les attributs de l’œuvre d’art comme un readymade duchampien. La nature des lignes du véhicule contraste fortement avec l’architecture de la canopée et des maisons, il s’agit clairement d’un second œuvre, voire un mobile qui évoque le modèle réduit par l’ambiguïté d’échelle qu’amplifie l’abstraction figurative de la canopée.

L’aménagement de l’espace intérieur est conçu comme une topographie blanche permettant d’accueillir les fonctions domestiques minimales. Des strates de Corian moulé simulent des courbes de niveau schématiques découpant subtilement les unités spatiales, à la manière d’un relief de Sophie Taeuber-Arp, et intégrant le mobilier dans un tout organique à l’instar des modules préfabriqués de Buckminster Fuller. 

Cette proposition s’inscrit dans une tradition formelle d’habitat futuriste préfabriqué des années 70’, dont les formulations sont issues des réflexions précoces des Smithson avec leur prototype d’exposition « House of the Future » présenté en 1956. L’habitat qui se projette comme utopie est une forme de narration prospective qui s’assimile au genre littéraire de la science-fiction, dans sa suggestion de modes de vie alternatifs et d’univers parallèles.

La cellule de moine est considérée comme la taille appropriée à l’étude et la vie isolée, la maison et ses espaces communs ainsi que le paysage alentour formant une décompression proportionnée ; le Couvent de la Tourette offre par exemple une situation et des mesures analogues. 

Par cette réduction quantitative, on pourrait augmenter le nombre potentiel de résidences, et surtout la contrainte de l’Existenzminimum devient elle-même productive par la mise en relation ou la quasi-fusion des fonctions domestiques dans un scénario spatial compact et organique. Ecrire sur un bureau, au lit, dans une baignoire, à toute heure, mélanger les genres pour ouvrir l’habitat à l’interprétation, sans solution de continuité.

Il n’y a rien de plus commode qu’un texte. Nous n’avons que des livres à mettre dans les livres mais quand il faut dans un livre mettre de la réalité 

INFOS

Localistaion
Vaud
Année
2013
Programme
Résidence pour écrivain
Caractéristiques
Maison suspendue, véhicule réemployé et agencé en studio
Client
Fondation Jan Michalski pour l'écriture
Type de Mandat
Concours sur invitation
Crédits images
©Thomas Sponti
Prochain projet

CICG, Centre International de Conférences Genève

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Bureau
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